Voix du Monde

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La Suisse, terre de nomadisme?

Le nomadisme, mode de vie ancestral souvent lié aux peuples autochtones de l’Amazonie, du Sahel ou de Papouasie, est pourtant toujours pratiqué en Suisse. Il existe quelques 3000 Helvètes nomades, qui perpétuent une tradition du voyage héritée de leurs ancêtres Yéniches, Manouche ou Sinti. La Suisse est également une terre de nomadisme pour les gens du voyage européens, qui s’y installent chaque été depuis des décennies. L’accueil de ces communautés représente un vrai casse-tête pour les autorités, confrontées à des législations parfois contradictoires… et suscite la méfiance de la population. Le nomadisme va-t-il survivre au XXIe siècle ?



"Peut-on encore être nomade en Suisse?" Cinq reportages de Valérie Kernen, réalisés par Bruno Séribat et présentés par Véronique Marti, productrice dans l'émission Vacarme sur RTS La Première.

  • Vivre sans terre

    En Suisse, il est de plus en plus difficile de voyager. Le constat émane des gens du voyage suisses, qui voient leur mode de vie mis à mal par une législation non adaptée au nomadisme. Les Yéniches ont été reconnus comme minorité nationale en 1998 mais ils sillonnent l’Helvétie depuis des siècles… avec plus ou moins de difficulté. Un groupe de nomades romands se trouve dans une impasse, aucune commune ne veut les accueillir. Après avoir passé deux semaines sur un terrain communal à Morges, ils doivent quitter la ville dans la journée, comme le spécifie leur contrat. Trente caravanes se retrouvent sans terre. Que faire ?

  • Le voyage n’est pas fini

    Installés illégalement sur un terrain à Aubonne, les gens du voyage vaudois attendent la décision des autorités en jouant aux cartes. Ils ne pourront pas rester sur le terrain communal, qui doit accueillir prochainement les joutes sportives. L’errance va recommencer mais cette fois avec l’aide des autorités. Le problème des gens du voyage est devenu leur problème : si aucune commune ne les accepte, les nomades risquent de squatter un autre terrain. Une ouverture semble se dessiner du côté de l’armée mais rien n’est sûr

  • Le casse-tête des autorités

    La Suisse est régulièrement pointée du doigt par le Conseil de l’Europe pour le traitement qu’elle réserve aux communautés nomades. Le manque de places de transit ou de séjour entraverait un mode de vie qu’elle s’est engagée à préserver en signant la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Un arrêt du Tribunal Fédéral exige quant à lui de respecter le droit à l’égalité inscrit dans notre Constitution, qui permet de vivre selon son propre mode de vie. Aujourd’hui, plusieurs cantons planchent sur la création d’aires de séjour réservées aux Yéniches suisses. Dans le canton de Neuchâtel, une place provisoire a été mise à disposition à Perreux, à côté de l’hôpital psychiatrique...

  • Les mal-aimés

    Plusieurs places de transit existent en Suisse romande pour accueillir les nomades européens, à Villeneuve, Martiny ou à Vaulruz pour la Suisse romande. A la Vue-des-Alpes dans le canton de Neuchâtel, la place est provisoire depuis plus de vingt ans. La police visite régulièrement les lieux et les relations avec les communautés itinérantes ne sont pas toujours cordiales, comme nous le verrons avec Georges Lozouet, chargé de communication à la Police neuchâteloise. Les problèmes de salubrité ou de non-respect des règles sont fréquents. Pourtant, les gens du voyage font des efforts mais sous certaines conditions… c’est ce qu’explique Popoy, leader gitan installé sur l’aire de la Joux-des-Ponts, dans le canton de Fribourg.

  • Nomades dans l'âme

    Un grand nombre de Yéniches suisses ont adopté un mode de vie semi-nomade. En appartement l’hiver, ils reprennent la route « dès que les oiseaux se mettent à chanter », comme nous l’explique «Julien »*, installé devant sa caravane sur l’aire de séjour provisoire du canton de Neuchâtel. Mais la plupart des nomades suisses se sont sédentarités au fil des ans, notamment suite à une politique de sédentarisation forcée menée par la Suisse au cours du XXe siècle. Patrick Birchler, lui, a choisi la vie sédentaire de son plein gré, mais jamais, il n’oubliera l’héritage de son enfance. Dans sa villa, il reste nomade dans l’âme.

    *nom d’emprunt

  • Les Echos de Vacarme

    Paroles de connaisseurs... Les échos de Vacarme reviennent sur la thématique des reportages « Peut-on encore être nomade en Suisse ?»

    Véronique Marti reçoit :

    Albert Barras, porte-parole des Yéniches en Suisse romande

    Major Jacques Meuwly, chef de la gendarmerie fribourgeoise

 Tsiganes  | 2018