Voix du Monde

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Justice des mineurs : les raisons d’un succès

Depuis l’introduction du nouveau droit pénal des mineurs en 2007, la délinquance juvénile n’a cessé de diminuer sur le territoire helvétique, avec notamment 46% de prévenus en moins entre 2007 et 2015. Avant de punir, il s’agit d’éduquer et le bâton, l’incarcération en cas de délits graves, n’est utilisé qu’en dernier recours. Alors comment les juges des mineurs procèdent-ils pour redresser le comportement d’un jeune à la dérive? Quelles sont les recettes qui font le succès du système helvétique? La justice des mineurs sanctionne mais aussi, elle éduque et protège un être que l’on considère encore en devenir. Le but ultime : éviter la récidive.



Cinq reportages de Valérie Kernen, réalisés par David Golan et présentés par Marc Giouse dans l'émission Vacarme sur RTS La Première.

  • Policiers pour jeunes délinquants

    Les patrouilleurs de nuit de la Brigade des mineurs de Genève visitent régulièrement les lieux clés fréquentés le soir par les plus jeunes. Ces policiers spécialisés se rendent aussi dans les familles, pour rencontrer les parents après leur journée de travail et les ados qui ont transgressé la loi. Ce soir, les deux inspecteurs de service ont rendez-vous chez une maman qui les a appelés après avoir découvert du matériel de drogue inquiétant dans la chambre de son fils. Sur le terrain comme au poste, les officiers de la Brigade des mineurs tentent de travailler dans un esprit fidèle au droit pénal des mineurs, où le jeune ainsi que sa situation personnelle comptent autant sinon plus que son délit.

  • La boîte à outils du juge

    Présidente de l’association latine des juges des mineurs, Fabienne Proz-Jeanneret nous accueille dans son cabinet au Tribunal des mineurs de Genève. Un lieu où elle procède aux auditons de jeunes aux prises avec la justice pour des délits plus ou moins graves. Agés de 10 à 18 ans, ils sont souvent accompagnés de leurs parents. Pour elle, les « petites frappes » ou les « cas désespérés » n’existent pas. Les délinquants qui lui font face sont des enfants, qu’il faut aider à sortir d’une mauvaise passe, par la sanction mais aussi par des mesures éducatives, voire protectrices. Un des outils de la justice des mineurs permet d’agir sur la situation personnelle de l’auteur d’un délit… comme on le verra avec un mineur de 17 ans, suivi par Richard Arrandel, éducateur envoyé par le Tribunal.

  • Aux fourneaux plutôt que derrière les barreaux

    Thomas, 15 ans, a « fait une grosse bêtise » comme il dit. Et il a été puni par le juge d’une peine de 10 jours de prestations personnelles, autrement dit un travail d’intérêt général pour mineurs. L’adolescent a été envoyé dans un abri PC géré par l’Armée du Salut qui offre repas du soir et hébergement aux familles SDF de Genève. Ces peines qui obligent le jeune à travailler en faveur de la communauté représentent les sanctions les plus utilisées par les juges des mineurs. Ils tentent ainsi de privilégier les punitions « qui font du sens ». Pour Thomas, l’expérience avec les sans-abri a fait office d’électrochoc. C’est en tout cas l’avis de sa maman, qui a vu son fils changer suite à l’intervention de la justice.

  • Des ados derrière les murs

    Le droit pénal des mineurs est très clair à ce sujet : la prison ne doit être est décidée qu’en dernier recours par le juge. En 2016, seuls 196 jeunes ont écopé d’une peine d’emprisonnement ferme en Suisse, s’ajoute à ce chiffre, un certain nombre de mineurs placés en détention préventive pour des durées plus ou moins longues. Comment vit-on sous les verrous quand on a moins de 18 ans ? Le centre de détention Les Léchaires à Palézieux, où sont incarcérés les mineurs de Suisse romande, est-il une prison comme une autre ? A quel moment les juges font-ils appel à cette sanction et quel en est le sens ? Y a-t-il une vertu « éducative » à enfermer les jeunes ?

  • La victime, l’auteur et le médiateur

    En dehors des mesures et des sanctions, il existe une troisième voie à la justice des mineurs : la médiation, qu’on appelle la justice restaurative. Très utilisée dans le canton de Fribourg qui a été pionnier en la matière, cet outil semble apporter des résultats insoupçonnés. Etre confronté aux conséquences de son acte et à sa victime, aide-t-il le jeune délinquant à changer son comportement ? Nous le verrons dans le cadre d’une médiation menée par Gérard Demierre à Châtel-St-Denis, avec deux jeunes de 13 et 15 ans, accompagnés de leurs papas.

 Enjeux sociaux | 2018