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Faut-il faire la guerre à la drogue?

La Suisse a longtemps été considérée comme pionnière en matière de politique de drogue. La politique des quatre piliers (prévention, réduction des risques, thérapie et répression) a fait ses preuves, en particulier sur le plan de la santé publique. Pourtant, la visibilité de la scène de la drogue et du trafic de rue dans certaines villes romandes suscite un mécontentement croissant. Après avoir refusé la dépénalisation du cannabis en 2008, on demande aujourd’hui davantage de répression. Mais est-ce une solution ? Quelles sont les pistes qui donnent des résultats ? Faut-il ou non déclarer la guerre à la drogue ?

Une série de reportages diffusés dans l'émission Vacarme sur RTS La 1ère.

  • Un shoot sous assistance

    Depuis 2001, le Quai9 à Genève accueille des toxicomanes dans un local lumineux et propre. Comme à la poste, les consommateurs de drogue reçoivent un ticket pour entrer dans le local de consommation. Une salle où les personnes toxicodépendantes peuvent s’injecter de la drogue ou fumer de l’héroïne et de la cocaïne, non pas en toute légalité, mais en toute sécurité, encadrés par des professionnels prêts à intervenir à la moindre overdose. C’est un système qui choque parfois, mais qui permet de sauver des vies. Immersion dans le seul local de consommation purement romand, où les idées reçues sont mises à mal.

  • Du côté des dealers

    Nous accompagnons Carole (prénom d’emprunt) dans une ville de Suisse, où les dealers de rue vendent de la drogue en face de la gare, au milieu des passants qui attendent leur bus. Cette femme toxicodépendante connaît bien le domaine puisqu’elle a elle-même participé activement à du trafic international, acheminant de la cocaïne entre l’Amérique latine et la Suisse. Elle nous livre son témoignage, tout comme « Tonio », vendeur d’ecstasys dans les années 90, un commerce qui s’est avéré très lucratif pour le jeune homme qu’il était.

  • Les stups en action

    L’équipe d’Olivier, chef de la Division flagrant délit de la police cantonale vaudoise se rend aujourd’hui à Bex, une commune de quelques 5000 habitants connue pour son trafic de rue. Ici, on trouve de la cocaïne au centre ville, juste à côté de la Coop ou le long des rues, longées par plusieurs personnes d’origine ouest-africaine. Ce sont elles tiennent le marché. Pris en flagrant délit, trois vendeurs de drogue sont interpelés, ainsi que les consommateurs-acheteurs, qui devront payer plusieurs centaines de francs d’amende. Les dealers, eux, sont relâchés quelques heures plus tard, malgré les preuves accablantes qui pèsent sur eux. Jean-Yves Lavanchy, le chef de la brigade des stupéfiants, nous explique les limites de l’action policière, dont il regrette le trop faible impact sur le terrain.

  • Politique de la drogue: les options du futur ?

    Préoccupé par le discours de plus en plus sécuritaire autour de la thématique des drogues, le Groupement Romand d’Etudes des Addictions (GREA) organise une conférence de presse à Lausanne. Son but : faire le point quatre ans après l’acceptation par le peuple de la loi sur les quatre piliers. Il regrette que la Suisse romande soit à la traine en ce qui concerne la réduction des risques, des mesures appliquées avec succès en Suisse alémanique. Jean-Félix Savary, secrétaire général du GREA, prône aussi pour une réglementation du marché des drogues, c'est-à-dire une étatisation de la vente des produits stupéfiants sous certaines conditions. Une idée portée par la Commission mondiale pour la politique des drogues, dont fait partie l’ex-conseillère fédérale Ruth Dreifuss. Nous nous rendons dans son appartement qui se trouve aux Pâquis à Genève, un quartier connu pour ses dealers de rue. L’ex-présidente de la Confédération nous présentera les arguments de cette commission, qui compte parmi elle des personnages de renom tels que Kofi Annan, Javier Solana, Louise Harbour, ex-procureure au tribunal pénal international ou encore Fernando Henrique Cardoso, l’ancien président du Brésil.

  • Confidences de toxicomanes

    Philippe (prénom d’emprunt), 21 ans, se pique depuis un an. Il a commencé à consommer des drogues à 14 ans, d’abord des joints, puis de la cocaïne et enfin de l’héroïne qu’il a fumée, avant de se l’injecter. Depuis sa chambre dans la maison de ses parents, il nous parle de son parcours et fait des gestes qui lui sont que trop familiers : il chauffe la poudre dans une cuillère, avant de la shooter dans ses veines rougies. Suivi par un médecin, il espère que la petite dose d’héroïne qu’il cache encore dans son armoire sera la dernière… Romain, lui, est en thérapie depuis 5 mois dans une résidence de la Fondation du Levant sur les hauteurs de Lausanne. Cet ancien consommateur de cocaïne pose un regard aiguisé sur son addiction et les mécanismes qui l’ont mené à la déroute. Il a arrêté son travail de vendeur dans une grande surface pour pouvoir se soigner.

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